duminică, 9 iunie 2013
PLANETE TEHNO
L'histoire de l'humanité s'accélère. Sur les quatre milliard d'années
d'existence de notre planète, toutes les espèces connues datent de moins
de cent million d'années, l'homme de moins d'un million d'années, le
plus ancien dessin sur la paroi d'une caverne de 30 000 ans. Il y a tout
juste 500 ans, l'invention de l'imprimerie accélérait la diffusion du
savoir. 200 ans nous séparent de la machine à vapeur qui provoqua la
révolution industrielle. Avec ses 50 ans, l'ordinateur fait figure de
jeunot. Et pourtant quelle comparaison possible entre le premier
ordinateur ( 50 tonnes, 25 kilowatts, quelques milliers de positions de
mémoire, une centaine d'instructions par seconde ) avec le micro
processeur Pentium ( quelques grammes, 25 watts, 8 à 32 Mega-octets de
mémoire, 100 millions d'instructions par seconde). Et tout laisse à
penser que dans 10 ans le Pentium apparaîtra aussi démodé que le premier
ordinateur.
Lorsqu'il a été inventé, l'ordinateur était une curiosité de
laboratoire. Au début des années 50, une étude de marché restée célèbre
évaluait le marché mondial à une cinquantaine de machines. Aujourd'hui,
les 200 millions d'ordinateurs installés démontrent qu'il serait
inconcevable de s'en passer dans la civilisation industrielle
contemporaine. Depuis 1995, il se vend dans le monde plus de P.C. que de
téléviseurs. Pendant le temps mis à lire ce texte, le nombre
d'ordinateurs connectés à l'Internet, le réseau des réseaux, a augmenté
de plusieurs milliers. La manière dont l'informatique a révolutionné
l'activité intellectuelle et économique n'a pas d'équivalent dans
d'autres domaines. Une description purement statique des techniques et
des résultats est donc totalement insuffisante pour comprendre
l'informatique. Une vision dynamique s'appuyant sur les grandes
tendances de l'évolution est indispensable pour comprendre ce qui va se
passer même à très court terme.
L'évolution foudroyante du matériel
C'est l'évolution de la technologie des composants qui depuis plus de 40 ans joue un rôle moteur primordial dans le développement de l'informatique.
Deux phénomènes presque simultanés se sont produits vers la fin des
années 40 : En 1945, l'invention par John von Neumann du calculateur à
programme enregistré et, en 1948, l'invention du transistor par trois
chercheurs des Bell Laboratories.
- En 1945, John von Neumann (1903-1957) inventait la forme moderne du programme enregistré. Vers 1840, le concept de programme avait déjà été introduit par Charles Babbage (1792-1871) comme élément d'une machine à calculer « analytique » qu'il se proposait de réaliser mais cette machine n'a jamais été construite. John von Neumann a introduit un raffinement important : écrire sous la même forme les instructions pour le traitement des données et les données elles-mêmes. Instructions et données étaient ainsi manipulées de la même manière par la machine ouvrant la voie à l'ordinateur moderne.
- Le transistor a été inventé en 1948 par John Bardeen, William Schockley et Walter Brattain, trois chercheurs des Bell Laboratories. A cette époque, le seul moyen connu d'amplifier un courant électrique était la lampe triode inventée en 1906 par Lee de Forest. La lampe triode avait permis le développement de la téléphonie et de la radio. C'était le composant majeur de tous les circuits électroniques. Cependant, la triode avait un gros défaut : son filament dont le chauffage consommait beaucoup d'énergie et dont la fragilité réduisait la durée de vie à quelques centaines d'heures. Les systèmes ne pouvaient pas comporter plus d'une centaine de lampes sinon la fiabilité devenait intolérable. Par comparaison, le transistor consommait 1/10 000 000 ème de l'énergie nécessaire à la triode avec une durée de vie quasiment illimitée.
La synergie entre un nouveau composant et une nouvelle application a
provoqué une croissance explosive des deux. En effet, les systèmes
numériques demandent un nombre très élevé de composants : une simple
calculette a besoin de 100 fois plus de transistors qu'un téléviseur. Le
microprocesseur Pentium qui va servir d'exemple dans ce document
comporte 7 millions de transistors. La mémoire nécessaire pour les
données en contient plusieurs centaines de millions. Avec un tel nombre
de composants, le problème clé à résoudre a été celui du nombre et du
coût des connexions.
Le coût de la connexion
De 10 francs sur un connecteur, ce coût passe à 1 franc sur une carte et
tombe à un millionième de franc à l'intérieur d'un circuit intégré.
Depuis le début des années 60, la stratégie des ingénieurs a donc été
extrêmement simple : mettre le maximum de composants et de connexions
dans un circuit intégré pour diminuer les coûts. En 1995, on sait mettre
7 millions de transistors dans un Pentium ce qui représente environ 18
millions de connexions. Par des méthodes traditionnelles, il aurait
fallu 40 ans à un câbleur pour réaliser ces 18 millions de connexions.
Par la miniaturisation et par l'intégration dans un seul circuit
intégré, on obtient ce résultat pour quelques centaines de francs.
La taille d'un circuit intégré a peu évolué. L'accroissement du nombre
de composants est obtenu principalement par une réduction de la taille
des gravures sur les circuits (actuellement environ 0.5 micron). Cette
réduction entraîne deux conséquences sur les performances et sur les
coûts :
- Les performances s'améliorent constamment. La vitesse maximum de fonctionnement d'un transistor dépend du temps de transit des électrons à l'intérieur du transistor. Plus l'intégration augmente, plus la taille des transistors diminue et plus les performances s'améliorent.
- Le coût marginal de production d'un circuit est à peu près constant (quelques dizaines de francs). La matière première, le silicium est disponible en abondance partout. Le prix unitaire d'un circuit est donc fixé par l'amortissement des études et de l'usine de fabrication. A performances constantes, le coût d'un microprocesseur ou de la mémoire est divisé par 10 tous les 4 ans.
A titre d'exemple au début des années 1980, le super ordinateur CRAY 1,
capable de traiter 100 millions d'instructions par seconde était vendu
60 millions de francs. Il nécessitait une grande salle machine et des
équipements de climatisation. En 1996, Un micro-ordinateur de cette
puissance, à base de Pentium 100, avec la même capacité mémoire est la
machine multimédia de base pour le grand public. Le prix est d'environ
10 000 francs soit 6000 fois moins que le CRAY 1. Ce micro-ordinateur
fonctionne posé sur un bureau, sans précautions particulières.
Une évolution exponentielle
Le nombre de composants par circuit est passé, de manière très
régulière, de quelques composants à la fin des années 50 à plusieurs
millions aujourd'hui. Dès 1964, Gordon Moore, alors directeur de la
recherche chez Fairchild avant de créer la société Intel en 1968, fût le
premier à prédire que le nombre de composants par circuit continuerait à
doubler tous les deux ans comme cela avait été le cas au cours des 5
années précédentes. Il n'y a pas eu depuis 30 ans de déviation
significative par rapport à cette prédiction comme le montre la figure
1.
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